Fin d’année en lumières à Babi!

Comme il le dit lui-même, « l’ivoirien ne reste pas longtemps dans les mauvais rêves ».

L’année 2011 a été terrible, voire horrible et on avait hâte qu’elle se termine.

Vers la fin, on a donc voulu nous distraire un peu. Un beau matin, on nous sert avec suspens une histoire de lumières. « Apitôh !! Si c’est affaire de lumières dans supermarchés là, on connaît ça ! Chaque fin d’année on voit ça ici! », disait une frechnie.

Et puis un jour, la ville s’illumina comme par enchantement. Sur le pont De Gaulle, sur le VGE*, dans les arbres, sur la route, sur les immeubles du Plateau… Les ivoiriens pouvaient admirer pendant un mois leur ville scintiller dès la tombée de la nuit.

Au coeur du Plateau

Au coeur du Plateau

Le pont De Gaulle

A cause des lumières, la cité du Plateau est visitée par un flot d’yeux curieux venants de tous horizons. Les gaous se mettent sur leur 31 et s’immortalisent avec leurs téléphones portables. Un couple s’est même RE-sapé pour REfaire leurs photos de mariage avec les décorations lumineuses comme décor.  Il y a même des parents qui sont tellement enjaillés qu’ils oublient leurs enfants dans la foule. On est obligé de faire appel à témoin ! (tchèh !) On voit des brèzos qui marchent depuis des quartiers éloignés pour admirer les décorations. Mais, les plus souayé sont ceux qui viennent avec nattes et matelas sur le parvis de la Cathédrale Saint Paul du Plateau, et s’installent avant l’heure pour attendre le moment où tout s’illumine.

-       « Aaaaaaaaaaahhhhhhh ! Hé ! C’est zolie oooh ! On dirait cinéma ».

Cloche lumineuse installée sur le parvis de la Cathédrale Saint Paul du Plateau

La citée des affaires s’est même transformée en place de marché avec les vendeurs d'eau en sachet et de popito, qui slaloment entre les voitures ou encore des vendeuses de bananes braisées et de brochettes qui restent plus tard que d’habitude sur les trottoirs et dans les coins de rue dans l’espoir de faire une meilleure recette.

A cause des feux d’artifices, on a dressé un podium en plein dans la cité. Les membres du gouvernement ont fait le déplacement en grande pompe. Un plateau télé de la chaine nationale a été aménagé. Les présentateurs-stars ont sorti les costumes serrés-serrés et les pointininis cirées. Tous ceux qui ont pu toucher au micro du bout des lèvres ont sorti leur gros-gros français. Un artiste de renom, invité pour pousser la chansonnette, en oubliait même les paroles.

Les yeux des affairés étaient fixés sur le doigt de la Première Dame au moment où elle a appuyé le bouton pour le lancement des feux d’artifices. On entendait des « Waaaaaahhh !!! Woooohhhhh !!! Eeeeehhhh !!! Regardez, regardez !!! Tchiéééééééé !!! »

J’ai pu entendre une tantie émerveillée, s’exclamer: « Non, mais je suis trop émotionnée ! Abidjan, on dirait Las Vegas ! » ou encore un jeune s’écrier: « Mmmmh ! Dépuuuuuu je suis en Abidjan là, je n’ai jamais vu ça ! Paris est venu à Abidjan ! »

… (No comment)

Ce qui est sûr, moi Yoyo, la go choco qui vient de Bingué, (ne l’oublions pas) les illuminations là, ça ne me dit rien, moi, mes yeux sont déjà habitués.

La place de la République - Plateau

Mais au delà de la nouveauté, ce projet a eu des conséquences non maitrisées. Les vendeurs ambulants laissaient derrière eux des tas de sachets usagés qui salissent la ville. Le gazon et les plantes qui garnissent les terre-pleins ont été piétinés, laissant les beaux espaces verts qui habillent les routes dans un piteux état.

Et je ne vous parle pas des petits voleurs qui ont déjà commencé à « s’approprier » le matériel de mise en place des décorations. Il paraît même qu’ils ont volé pour 20 millions de feux d’artifice !!! En moins d’un mois, les stratégies de récupération, de transformation et de réutilisation ont déjà été mise en oeuvre. Les voleurs se disent sans doute « l’enjaillement est trop, on va continuer le show à la maison ! »

Ce qui est sûr, tout ça était bien chic! On a commencé Janvier 2012 dans la lumière, dans la renaissance même, comme disent certains, mais apprêtez vos lampes-tempêtes, parce que quand la facture va arriver là… hummm! Yeux voient, bouche parle pas ! 

Affaire à suivre...

VGE: Boulevard Valérie Giscard d'Estaing