Hier
matin, je sortais de chez moi, j’empruntais un taxi et quelques mètres plus
loin, je me retrouvais bloquée à la sortie de mon quartier.
La
cause : un vieux monsieur au volant d’un woro-woro tout déglingué, bloquait
le carrefour. On était dans une rue très étroite. Des voitures, garées sur les trottoirs, rendaient la voie à sens unique. Le woro-woro
avait du mal à avancer. Il était en travers de la route. Un gbaka klaxonnait d’impatience derrière lui. Mon taxi, qui était face à lui, attendait qu’il
libère la voie pour pouvoir passer. Et les voitures s’accumulaient au fur
et à mesure des deux côtés de la file.
Le monsieur
se débattait au volant de son engin en décomposition, transpirant à grosses
gouttes tout en essayant de garder son sang froid. Il tournait le volant dans tous les sens, s'essouffla et finit par accuser les passagers
d’alourdir son véhicule.
« Descendez
même, d’ailleurs. Vous pesez trop lourd dans ma voiture là, à cause de ça elle
ne veut pas avancer.
- Aie ?!
Nous on a fait quoi dans ça ? » s’écria une passagère.
Le
chauffeur, de plus en plus nerveux, lui rétorqua « C’est pas tes bagages
lourd-lourd du marché qui pèsent sur ma voiture là? A cause de ça on est
bloqué ! Je dis de descendre, ôh ! »
Interloqué,
les passagers préférèrent ne pas répondre devant la mauvaise foi du chauffeur
et descendirent de l’auto.
Il
fit marche arrière, il braqua, sa voiture toussa, il avança de quelques
centimètres, il re-braqua, sa voiture ronfla… On aurait dit qu’elle allait rendre l’âme sur place.
Tout
le monde le regardait. Les automobilistes s’impatientaient davantage. Les piétons, amusés, s'étaient arrêtés pour regarder le spectacle. On entendait les chauffeurs de gbakas
et certains particuliers lui indiquer comment faire pour s’en sortir. Le chauffeur commençait à s’énerver sérieusement mais il ne voulait pas s’avouer vaincu. Il re-braqua, refit marche-arrière,
passa la première, embraya et … dans un tremblement qui secoua toute sa
carcasse jusque dans ses derniers boulons, la tacot … cala.
Tous
les témoins s’écrièrent « Héééééééé ! Le vieux à caler ! »,
accompagnés de rires.
Mon chauffeur
de taxi est sorti, aider par d’autres hommes, pour pousser le woro-woro sur le bas
côté et libérer enfin la voie. Au passage, un jeune homme lança au chauffeur de
l’épave ambulante: « Ah ! Le vieux, tu veux pas laisser ? Ce
n’est plus de ton âge tout ça là, faut te reposer !! »
Et
le vieux qui répliqua « Faut te reposer, faut te reposer !
Trouuu ! On dit retraite à 60 ans maintenant, tu n’as pas entendu
ça ? Si je ne travaille pas là, c’est toi qui va venir me nourrir? Regarde, là où je suis là, je suis beaucoup en boule, donc faut pas m'énerver! »
Dans
cette affaire de retraite à 60 ans là, les conséquences ont été
sous-estimées hein!
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Dieu est grand, ça va aller! |
4 commentaires:
En tout cas, on a pas tout vu. Car en dehors de ce chaufeur de taxi, il doit y en avoir encore des anecdoctes. J'ai appris que c'est pour renflouer les caisses de la cnps, comme cela elle n'aura pas à rembourser les retraités vu qu'ils clamseront avant 60 ans. C'est tout bénef...
Ah ça! Lédigaga, tu as parlé! Si c'est le plan là, vraiment, c'est méchant!
Ah cette affaire de retraite là, moi j'ai déjà garant mon premier enfant, l'autre (le dernier ou la dernière, je vais lui dire aussi) ! Affaire où tu souffres quand tu taf jusqu'àààà c'est pour souffrir quand tu es vieux là, je suis pas dedans. Je te mets à l'école, quand l'heure sonne, je te chasse de chez moi et avec ce que j'ai je vais soit au village (si l'argent est petit), soit faire le tour du monde avec une jeune go (si ma femme meurt vite)
Lool! Kimbo tu as raison, on doit se préparer dès le plus jeune âge si on veut s'en sortir. Mais si ta femme meurt vite là, sa retraite c'est pas toi qui va bouffer ça, ça reste à la CNPS oh!
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