Mon oncle frenchie vient d’arriver
à Abidjan. Il ne reste que quelques jours et veut profiter à fond de la Life !
Bingo ! J’lui dis : « Tonton, j’t’emmène à Lifestar. Je
sens que tu vas apprécier l’ambiance ». Donc vendredi, on met notre programme
à exécution. Wouuuuuh ! La piste est chaude, il y a un monde fou, fini le
Ramadan et ses privations, les aficionados de la Night se font plaisir. Mon oncle est dans
son élément. Dès notre entrée, sapé comme un VRP, il a senti les good vibes. Je
lui aie dit « Calme toi tonton, on vient d’arriver. Joue-toi un peu les
VIP », mais mon oncle ne connait pas le petit malin d’Abidjan. Il ne sait
pas comment « on se comporte ». Bon, je le laisse faire. Après tout,
on est venu pour profiter. On s’assoit dans un salon. On apporte les boissons.
Les gos dansent sur la piste juste en face de nous. Le tonton est enjaillé.
Après quelques verres, je me
rends compte que mon oncle apprécie un peu trop la musique. Il trouve la
séquence Pop-dance mortelle. Ca lui monte au cerveau. Mon oncle se déchaîne. Il
prend d’assaut la piste et se lance dans une série de geste désarticulés que j’ai
bien du mal à interpréter. C’est à ce moment là que je me souviens d’une de ses
particularités. J’avais oublié que mon oncle ne savait pas danser et ne
connaissait pas non plus la honte. Flashback. En effet, à l’époque, il avait
une danse unique et bien particulière qu’il s’évertuait de démontrer à chaque
fois qu’il en avait l’occasion : un mélange de karatéka et de pas de
Michael Jackson à la manière d’un quarantenaire qui ne maîtrise plus bien son
corps mais qui insiste. Il nous sort tout son répertoire d’un âge reculé.
Je suis sorti de mes rêvasseries
lorsque je vois mon oncle lancer son pied au-dessus de sa tête à la Shaka Zulu.
Là, j’ai su que l’heure était grave, le drah allait être sur moi.
Toujours dans son veston malgré
la chaleur et ses gesticulations, je vois mon frenchie de tonton refaire à peu
près (je dis bien à peu près) la chorégraphie des zombis de Thriller. Il affiche un large sourire,
genre trop fièr de lui et me fais de grands signes pour que je le rejoigne sur
la piste. Mon seul vœu à cet instant est de m’enfoncer dans le fauteuil,
changer de couleur, changer de peau, me confondre au cuir, bref ! Ne
plus exister. Me dissoudre dans l’air même ! Je regarde autour de moi et
constate que je suis déjà grillée. Ciel ! Tout le monde sait que Yoyo est
venu en boite avec un tonton gaou (avec tout le respect que je te dois tonton).
Au changement de tempo, lorsque
je l’ai vu faire le remake de Karaté Kid
façon Kwai Chang Caine, je me
suis dit « Trop, c’est trop ! ».
Extrait d'un des clips de campagne de l'ancien Président Henri Konan Bédié
lors des présidentielles 2010 en Côte d'Ivoire.
Loin de la connotation politique, cette extrait me fait rire à chaque fois! :-)
J’ai rempli son verre à ras
bord et je l’ai rejoint sur la piste, genre j’adhère au délire (j’n’avais plus
rien à perdre, mais il fallait que je sauve le peu d’honneur qui me restait). Je
lui faisais signe de boire dans l’espoir que l’alcool l’assomme un peu. Erreur d’appréciation
majeure ! Certes la connexion cerveau-corps avait prit un coup, mais j’avais
déclenché la fonction « émotion » tout azimuts, ou encore la fonction
« Bisous chez les Bisounours ». Eh oui, j’avais également oublié que
passé un certain degré dans le dahico, mon oncle se met à aimer tout le monde d’un
amour… comment dire ? Chaleureux et inconditionnel. Chaleureux, car hommes
ou femmes, il ne calcule pas, il veut faire des bisous à tout le monde. Inconditionnel,
car même lorsqu’on le repousse avec dégout, il sourit quand même, et envoie des
baisers dans l’air avec les mains.
Bon là, le drah est à son niveau
maximum. Je lance le plan « Agence tous risques » pour me sortir de
là. Au moment où il me demande de lui indiquer les waters, je l’oriente en
réalité vers la sortie. Il embrasse au passage le vigile qu’il prend pour
Barakuda et nous voici enfin loin des regards interloqués.
De retour en France, il a raconté
à tous ses amis comment il a trop kiffé l’ambiance d’Abidjan et continu de me
remercier pour la super soirée. De rien tonton, toujours là pour toi, c’est la
famille ! Laisse moi juste quelques années, le temps d’assumer ce qui s’est
passé.
Ca va aller !
2 commentaires:
J'ai tellement ri que j'en ai pleuré. Le tonton t'a eu dai ! Yako Yoyo LOOOOL
Ah! Il m'a eu dêh! Bientôt les vacances... Mon coeur bât!
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