Une go "choco" à Abidjan!

mardi 14 février 2012

#1 J’ai reçu ma facture d’électricité



Un bout de feuille négligemment déposé sur le pas de la porte... Soit c’est une facture, soit c’est une facture !
D’un seul coup d’œil j’ai parcouru la feuille. Ce n’est pas de la littérature, on le voit tout de suite. A force, mes yeux ont développé des réflexes bien précis face à la douloureuse : un coup d’œil en haut à gauche pour connaître l’émetteur du courrier : c’est bien la CIE* ! Et un coup d’œil en bas à droite…
   -  QUOI ???? (Stupeur)
      C’est pas vrai ?? (Déception nerveuse) 
      Grrrrrrr ! Aaaarrrrgghhh !!! » (Cris de rage)
Constat : ma facture a doublé !

Je m’assoie pour décortiquer la note d’électricité et savoir là où le bât blesse. Charabia dans chaque case du tableau : « index ancien », « index nouveau », « coefficient de lecture », « tranche »… Pfff! Ma facture a doublé, et je ne suis pas d’accord !

Je décide de les appeler. J’ai droit à la musique d’accueil. Une minute, deux minutes au bout du fil. Je m’accroche comme une teigne. Ca boue en moi, je sens que je vais passer mes nerfs sur leur service client. Trois minutes, quatre minutes, cinq minutes… Je commence à penser à ma facture de téléphone. Je raccroche. Ils m’ont eu.
Je reviens à mes calculs. Je n’ai pourtant pas changé mes habitudes de consommation ? Bon, ok, il fait chaud en ce moment, et la climatisation tourne à fond, mais de là à doubler ma facture ?! J’additionne, je soustrais, je trifouille les chiffres de chaque case… Je sens que je vais devoir m'y rendre pour demander des explications. Et à ce moment précis, un souvenir monstrueux me traversa l’esprit. J’en ai encore des palpitations.

Flashback :
Une année, mes parents m’envoient dans les bureaux de la CIE pour résoudre un problème concernant leur quittance. Nous avions reçu un rappel pour non paiement de la précédente facture majorée d’une amende. Ce qui était faux bien sûr et j’allais brandir toutes les preuves. Une fois sur les lieux, on me fait comprendre que je devrais rencontrer la Directrice commerciale qui gère ce type de problèmes, mais celle-ci n’était pas disponible. Je découvris plus tard qu’elle prenait une pause sandwich-spaghetti-tomate (les connaisseurs connaissent !) pendant près de trente minutes.
Dessin réalisé par A. Kelson 12

On m’oriente alors vers la caisse de paiement pour que ma préoccupation soit prise en charge rapidement. (Je ne vois pas trop le rapport – je ne veux pas payer, je veux régulariser ! - mais bon, j’y vais quand même). Je me dirige vers cette fameuse caisse située sous un hangar en dehors de l’établissement principal et qui reçoit par la même occasion une file humaine kilométrique. Je m’avance et je sens tous les regards pointer vers moi. Je me sens dévisagée et j’ai la désagréable impression de ne pas être la bienvenue. Tout en faisant mine d'ignorer cette intimidation, je m’avance vers le guichet :
-      Excusez moi, je veux juste un renseignement, ça ne prendra que quelques secondes. Ne vous inquiétez pas, je ne veux pas sauter le rang, je veux juste…
Je n’ai pas fini ma phrase. Erreur monumentale d’une vie !!
J’ai senti le ciel s’ouvrir sur ma tête et j’ai cru voir Zeus en personne me gronder. Un tonnerre tonitruant de protestation s’abattit sur moi. Je me suis retournée comme une guerrière pour affronter la horde en face...
J’ai cru voir un troupeau de bergers allemand lancés à mes trousses. La ligne humaine qui patientait depuis des heures malgré elle a fait éclater sa rage. L’assaut était insoutenable. J’ai sorti le drapeau blanc.
    - Vous ne m’avez pas comprise, je… » Peine perdue !
    - ON S’EN FOUT !!!! VIENS FAIRE LA QUEUE ICI ! TU VEUX NOUS DOUBLER ? VOLEUSE LA !!! 
Des yeux rouges de colère, des visages brillant sous la chaleur fulminaient. J’ai détalé en moins de deux secondes.
De retour dans le bâtiment principal, la dame de l’accueil m’interpelle.
« Mademoiselle, vous arrivez à temps, voici la Directrice Commerciale. Elle va vous recevoir », dit-elle en me présentant la responsable du service.
La dame me fît un grand sourire tout en glissant dans une poubelle de bureau, un papier d’emballage tout plein de gras. Elle avait un morceau de spaghetti posé sur la lèvre inférieure et un bout de tomate coincé entre les dents. Elle m’a dit « On s’occupe de vous ? ».
Elle n’avait pas remarqué que derrière moi, une petite foule de musclés s’amassait. Ils étaient prêts à ouvrir la porte. C’est sûr, ils veulent ma peau ! Je me retourne vers la dame dans un élan de désespoir. La porte s’est ouverte. Crispée, j’ai fermé les yeux. Il y a eu comme un silence glacial dans ma tête…
Je suis foutue !
La suite ici.

Légende

La CIE* : Compagnie Ivoirienne d’Electricité
Article paru sur www.caric-actu.com

L’histoire de la CAN 2012 au maquis « Le Malabo »

Tantie Philo n’a jamais vu son maquis aussi bien marcher que pendant la CAN, cette année. Elle a installé un écran géant au cœur de son établissement pour inciter les clients à rester sur place et consommer. Pour donner du baume au cœur aux ivoiriens, elle a préparé pour chaque rencontre footballistique un plat spécial « Encouragement aux Eléphants ».
Chaque victoire ouvrant davantage l’appétit, elle redouble d’imagination dans la confection de son menu.


  1.      Le 22 janvier 2012, phase des poules, surnommée « Echauffement ».

La Côte d’Ivoire rencontre le Soudan.
Equipe des Eléphants : 85 personnes.
Equipe adverse : 85 assiettes.
Facture : 2-0
Les ivoiriens ont célébré cette première victoire en dégustant du faucon braisé à la sauce « Jediane* », servi avec de l’attiéké.

           2. Le 26 janvier, phase des poules, surnommée « Comme à l’entrainement».
La Côte d’Ivoire joue contre le Burkina Faso.
Equipe des Eléphants : 125 personnes.
Equipe adverse : 85 assiettes et 30 cuvettes, dites « kpo’ngbo ».
Facture : 2-0
Les ivoiriens ont mangé du kedjenou de cheval avec du foufou, rebaptisé « ils n’ont rien vu encore ».

          3.   Le 30 janvier, phase des poules, surnommée « Bissé !».
La Côte d’Ivoire se mesure à l’Angola.
Equipe des Eléphants : 150 personnes.
Equipe adverse : 85 assiettes, 30 « kpo’ngbo » et 25 taliers.
Facture : 2-0
Comme on ne sait pas c’est quel animal « Palancas » là, Tantie Philo a concocté une bonne sauce tomate avec escargots pour enjailler les supporters.

         4.   Le 04 février, quarts de finale, surnommée « On va voir clair dedans ! »
La Côte d’Ivoire affronte la Guinée Equatoriale.
Equipe des Eléphants : 180 personnes.
Equipe adverse : 85 assiettes, 30 « kpo’ngbo », 25 taliers et 30 chaises pour faire patienter.
Facture : 3-0
Tantie Philo a dit « On n’a pas Nzalang Nacional chez nous hein, mais on a Garba National ! ». Les supporters l’ont acclamé. Le maquis « Le Malabo » est devenu célèbre.

         5.   Le 08 février, demi-finale, surnommée « Sueurs froides ».
La Côte d’Ivoire s’attaque au Mali.
Equipe des Eléphants : 200 personnes.
Equipe adverse : 82 assiettes (3 assiettes ont été brisées à cause du pénalty manqué de Drogba), 33 « kpo’ngbo », 25 taliers, 20 plateaux ; le trottoir et la rue ont été  investis par 20 chaises supplémentaires.
Facture : 1-0
Les ivoiriens se sont régalés avec une spécialité : « Aigle piqué » avec alloco. Un vrai régal !

         6.   Le 12 février, finale, surnommée « On gagne ou on gagne ! »
La Côte d’Ivoire défie la Zambie.
Equipe des Eléphants : 200 personnes.
Le maquis « Au Malabo » s’est étalé dans toutes les rues du quartier. ORANGE, la compagnie de téléphonie mobile, supporter officiel des Eléphants, était le sponsor du maquis de Tantie Philo. Tous le maquis, les chaises, les kpo’ngbos étaient brandés.
On a demandé aux voisins de prêter des chaises.
On a rajouté deux écrans géants.
On a installé une grosse sono.
On a invité des artistes-chanteurs et humoristes pour mettre l’ambiance.
On a distribué des drapeaux, des casquettes, des t-shirts, des vuvuzela…
Les nièces et neveux de Tantie Philo ont grossi les rangs des serveurs.
On a organisé un grand recrutement pour embaucher de nouveaux cuisiniers.
On a déposé un container réfrigéré de vivres dans la cour.
On a renforcé le service de sécurité.
On a invité le maire de la ville qui s’est déplacé avec tout son staff.

L’équipe des Eléphants dépassait les 200 personnes jusqu’à « Oh là là ! »
Malgré tous les renforts en canaris et autres récipients, l’équipe adverse ne faisait pas le poids.

Le match a été interminable. Les popotes fumaient délicieusement. Les assiettes n’en pouvaient plus d’attendre. Les condiments s’impatientaient. Les « Chipolopolos » à deux doigts d’être plongés dans la marmite, mourraient d’inquiétude.

Puis, Drogba rate le pénalty : 10 assiettes sont cassées. 15 kpo’ngbos sont jetés dans les herbes. Tantie Philo resserre son pagne à ses reins. Le match se corse. Les « Chipolopolos » prennent une bouffée d’air. L’espoir dans les deux camps grandit.

Tirs au but : 12 chaises craquent sous la colère des supporters ivoiriens.
Le cœur de Tantie Philo commence à palpiter. Elle voit déjà son commerce partir en fumée. Gagnée par le doute, elle appelle son boucher « Ya cuisse d’Eléphants au moins là bas ? »
Le boucher répond : « Ah ! Le maquis « A Brazza » vient de tout commander dêh! »

Dépitée, Tantie Philo regarde sa cuisinière, il ne reste plus que sauce gnangnan.
La défaite est amère mais derrière les Eléphants, on est toujours supporters !


Les noms des équipes qui ont disputé la Can face aux Eléphants de Côte d’Ivoire :
Soudan: Les Faucons de Jédiane.
Burkina Faso : Les Etalons.
Angola: Les Palancas Negras
Guinée Equatoriale: le Nzalang Nacional.
Mali: Les Aigles.
Zambie: Les Chipolopolos.


 




Article paru sur www.caric-actu.com
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