Une go "choco" à Abidjan!

mardi 8 mars 2011

Yoyo appelle sa copine Bijou de Bingue

Vous savez, lorsqu’on est dans ces moments là, on appelle sa potesse[1]. On n’appelle pas encore sa Maman. Non, non, non ! A l’heure là, on n’a pas besoin d’une crise d’hystérie, on a assez de problème comme ça. Mais actuellement là, je dois affairer[2] ma pote sûr. 

-          Allo, Bijou ? (ma potesse s’appelle Bijou de Bingue)
-          Hey ! Ma copine, on dit quoi ? 
-          Ma chère, je t’appelle pour te donner le dernier son du pays.
-          On dit quoi là-bas ?
-          Le pays va nous tuer. Après la fermeture des banques, embargo par-ci, par-là, augmentation des prix sur le marché… Hé, Ma sœur… !
-          Aaaah, parle vite !
-          Voilà que mon entreprise nous met au chômage technique !
-          Wouh!!!
-          C’est ça tu entends là ! Bagage lourd-lourd qu’on ne peut pas charger là, c’est ça on est venu mettre sur ma tête matin-là !
-          Maiiiiiiss, les gens sont mauvais !
-          Les gens sont méchants dè[3] ! Pouatate[4] !
-          Mais, dis moi, tu es la seule dans ce cas là ?
-          Non, pratiquement toute la boite est concernée.
-          Mais qu’est-ce qui n’a pas marché ? Je croyais que votre boite avait les reins solides, quand même !
-          C’est dans la crise là on voit qui est qui ! Les gens nous font croire qu’il y a le pièèr[5] dans la boite, or qué[6] … Rien !
-          Laahila hilalaye[7] !!!
-          Aie ? Tu parles dioula maintenant ?
-          Ma chère, ma tête est mélangée ooh. Cette histoire là me dépasse.
-          Ah ! Si cette histoire te dépasse, moi, je vais dire quoi? Je comptais sur toi pour me remonter le moral.
-          Bon ! Ce que tu vas faire … Tu vas acheter 5 kg de gari et 2 kg de sucre que tu vas garder. Quand ça va chauffer sur toi, tous les jours, tu prépares ta bouillie …
-          Et puis, mon ventre va gonfler jusqu’à moi-même je vais éclater. Tchrouou !!! Tu as les foutaises hein ?
-          Aie ?! On ne peut plus plaisanter à cause de chômage là ?
-          Technique ! Chômage technique !!
-          En plus, c’est même pas vrai-vrai chômage ! A cause de ça tu nous fatigues !
-          Quand je pense que leurs histoires d’élections là ont gâté Noël des gens. On ne sent même pas la nouvelle année. On n’a même pas encore touché notre salaire. Maintenant c’est la vie des gens qu’ils veulent gâcher.
-          Bon, la go, chômage technique là, c’est combien de temps ?
-          Deux mois.
-          Donc il te faut trouver un djôci[8] pendant ces deux mois là. Tu peux pas rester comme ça sans rien faire ! Molo, molo, ça va aller. Je vais activer mon réseau. On va gérer ça. Galère tue pas africain.
-          Amen !
-          En parlant de djôci, je vais retourner à mes activités. Depuis là, mon boss me regarde, il tourne-tourne autour de moi là on dirait quelqu’un qui a la diarrhée.
-          Ma chère, abrège ses souffrances. Va travailler. On se colle si ya du changement.
-          Ok, ciao !


[1] Potesse : La meilleure amie.
[2] Affairer : Informer, donner des nouvelles croustillantes.
[3]  ! : Onomatopée qui sert à accentuer la phrase.
[4] Pouatate : Onomatopée qui marque l’étonnement.
[5] Le pièèr : L’argent.
[6] Or qué : Altération de « alors que ».
[7] Lahila hilalaye : En dioula (dialecte du Bambara parlé par de nombreux commerçants d’Afrique de l’Ouest) cette exclamation marque l’étonnement proche de la déception.
[8] Djôci : Petit boulot

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