Une go "choco" à Abidjan!

samedi 19 novembre 2011

C'est dur au pays!

Les temps étaient devenus trop durs. La guerre terminée, on a naïvement cru à un redémarrage rapide des activités du pays. On s'est tous dit "Ca va aller!"
Les jours passent. Les semaines et les mois s'égrènent. Ca ne va toujours pas.
Partout où tu vas, on dit "Ya pas l'argent!", "Ya pas d'argent dans le pays!", "L'argent ne circule pas!"
Ca commençait à chauffer sur moi. Même mon teint choco commençait à perdre de son éclat. Je n'arrivais même plus à m'acheter mon fond de teint préféré.
Moi, Yoyo La Jolie, la go fri-fri*, toujours bien mise, qui fait son petit malin dans la ville, je devenais poussière sur caillou, autrement dit, Rien!
Réflexion... Profonde réflexion... Pas d'autre choix... Je dois rentrer en brousse*, me la jouer incognito et chercher mon djôssi* en douce*!

J'ai kètè kètè* jusqu'ààààààà, j'ai trouvé mon petit djôssi. Ce djôssi là, c'était la petite activité professionnelle sur laquelle je suis tombée en attendant de trouver mieux. Loin d'être le job idéal, mais j'ai pris ça comme ça.

Vous même vous savez qu'à l'embauche, les patrons montrent un visage toujours bien avenant, qui, si à cela s'ajoute une bonne réputation, peut impressionner. Mais l'image d'une personne évoluant dans un contexte professionnel est très différente de celle qu'il affiche dans le contexte social. Et je l'ai compris à mes dépends.

Mais comme en toute chose, il ne faut pas gâter son nom, je m'efforçais d'être consciencieuse. Mes compétences étaient au-dessus du poste proposé, mais vu comment les temps étaient durs, j'ai fermé ma bouche. Les patrons y gagnaient sur tous les fronts et moi j'étais serrée*.

Mais, où je n'avais pas mis les pieds? (Oui, la construction de cette phrase est assez bizarre, mais en Côte d'Ivoire, on fait des constructions syntaxiques assez bizarres pour insister sur la bizarrerie de la situation!)

La société a un fonctionnement bizarre, une organisation bizarre. (Là, j'insiste)
Les patrons gèrent leur entreprise comme une boutique de quartier ou un foyer: c'est à la tête qu'on donne un poste et non en fonction de tes compétences (Mmmh ma tête était comment ce jour là et puis... enfin bref!) et lorsque que quelque chose ne va pas, on ne s'embarrasse pas plus que ça, on liquide et on avance.

Djaaaaa*, yavait sable dans mon Attieké*, je ne savais pas...

Affaire à suivre.


Fri-fri: jolie.
Rentrer en brousse: ne plus se faire voir.
Djôssi: petit boulot exercé à l'origine en Europe par les immigrés. 
Tèkè tèkè: se débrouiller, tout faire pour réussir, parvenir à quelque chose après maints efforts.
J'étais serrée: je n'avais pas d'autre choix.
Djaaaaa: alors que
Yavait sable dans mon Attieké: mon affaire était déjà gâtée.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

impatient de connaitre la suite

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