Une go "choco" à Abidjan!

samedi 24 décembre 2011

Fêtes de fin d'année à Baby


Depuis une semaine, Baby est en effervescence. Les embouteillages, c’est de 07h du matin à 22h le soir, et ce sur toutes les artères de la ville. Les taxis font le malin ! Ils sont en position de force en ce moment. Ils décident de là ou ils veulent aller :
« Bonjour chef, je vais en Zone 4, boulevard de Marseille.
- Mpss ! Han-han, ça m’arrange pas. Moi je reste de ce côté du pont. Là bas là, ya trop d’embouteillages ! » renchérit-il en démarrant en trombe.

Il ne fait pas bon d’être piéton en ce moment. Pas de voiture pour faire tes courses. Pas de taxi pour t’emmener là où tu veux. Pas d’amis pour te dépanner. Et ta chérie qui te crie dessus parce que rien n’a encore été acheté pour les fêtes.

Le bus ? Le bus… Comment dire… ? Le bus, à Baby ? C’est pire que dans une boite d’allumettes ou de sardines. Là au moins c’est bien rangé, c’est organisé. A Baby, aborder le bus, c’est comme se préparer à une compétition de haut niveau. Il faut un entrainement intensif, car pratiquer le bus, c’est pratiquer plusieurs sports en même temps.
- L’athlétisme, plus précisément le sprint. Homme ou femme, il faut avoir de bons mollets pour taper des sprints de malades lorsque le bus passe.
- La lutte. Une fois agrippé aux portes, on switch et c’est la lutte qui s’impose. Un corps à corps intensif pour pénétrer l’antre du molosse. D'ailleurs, ici à Baby, lorsqu'on part prendre le bus, on dit "je vais lutter le bus".
- L’escalade. Savoir escalader est essentiel pour se frayer un chemin et se trouver une place. 
La natation. Rester en apnée est une question de survie, manque d’aération et parfum salé de transpiration obligent.
- La gymnastique artistique. La souplesse est de mise pour réussir à sortir du ventre de la bête.  Pas chassés et grands écarts sont des mouvements à maîtriser.
- Le saut en hauteur, pour survoler tous ceux qui se précipitent pour s’engouffrer dans le bus alors que toi, tu cherches à descendre.
Le régime adéquat : un bon repas bien chargé en calories. Pas de crainte pour les Miss, les kilos sont très vite perdus : à la sorti du bus, on est rincé, complètement vidé.
Quant aux gbakas* et wôrôs wôrôs*, ces moyens de transports sont devenus du luxe. Patience et patience sous le soleil pour venir à bout des longues files d’attente avant d’avoir accès à ces véhicules à chaque tronçon.
Tu grossis alors les rangs des « gratteurs de trottoirs ». Ceux qui marchent et marchent seulement.
Mais où vont-ils ces gens ?
Ils vont faire leurs courses de fin d’année. Les cadeaux, le repas de Noël…
Pourtant les commerçants se plaignent. Ils disent « y a pas clients ! », « cette année là, ça ne marche pas ! » « A cause de la crise là, vraimeeennt... on gagne pas !». Où vont-ils donc tous ces gens ?
C’est un comportement de crise. On fait comme les autres. On essaie de faire le maximum pour fêter un minimum.

En Côte d’Ivoire les fêtes de fin d’année, c’est sacré, même si le cœur y est de moins en moins. 


gbakas: mini-car de transport en commun de 18 places, circulant à Abidjan.
wôrôs wôrôs: taxis collectifs intercommunaux.




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