Depuis
une semaine, Baby est en effervescence. Les embouteillages, c’est de 07h du
matin à 22h le soir, et ce sur toutes les artères de la ville. Les taxis font
le malin ! Ils sont en position de force en ce moment. Ils décident de là
ou ils veulent aller :
« Bonjour
chef, je vais en Zone 4, boulevard de Marseille.
- Mpss ! Han-han, ça m’arrange pas. Moi je reste de ce côté du pont. Là bas là, ya trop d’embouteillages ! » renchérit-il en démarrant en trombe.
- Mpss ! Han-han, ça m’arrange pas. Moi je reste de ce côté du pont. Là bas là, ya trop d’embouteillages ! » renchérit-il en démarrant en trombe.
Il
ne fait pas bon d’être piéton en ce moment. Pas de voiture pour faire tes
courses. Pas de taxi pour t’emmener là où tu veux. Pas d’amis pour te dépanner.
Et ta chérie qui te crie dessus parce que rien n’a encore été acheté pour les
fêtes.
Le bus ?
Le bus… Comment dire… ? Le bus, à Baby ? C’est pire que dans une
boite d’allumettes ou de sardines. Là au moins c’est bien rangé, c’est
organisé. A Baby, aborder le bus, c’est comme se préparer à une
compétition de haut niveau. Il faut un entrainement intensif, car pratiquer le
bus, c’est pratiquer plusieurs sports en même temps.
- L’athlétisme, plus précisément le sprint. Homme
ou femme, il faut avoir de bons mollets pour taper des sprints de malades
lorsque le bus passe.
- La lutte. Une fois agrippé aux portes, on switch et c’est la lutte qui s’impose.
Un corps à corps intensif pour pénétrer l’antre du molosse. D'ailleurs, ici à Baby, lorsqu'on part prendre le bus, on dit "je vais lutter le bus".
- L’escalade. Savoir escalader est essentiel pour
se frayer un chemin et se trouver une place.
La natation. Rester en apnée est une question de
survie, manque d’aération et parfum salé de transpiration obligent.
- La gymnastique artistique. La souplesse est de
mise pour réussir à sortir du ventre de la bête. Pas chassés et grands écarts sont des
mouvements à maîtriser.
- Le saut en hauteur, pour survoler tous ceux qui
se précipitent pour s’engouffrer dans le bus alors que toi, tu cherches à
descendre.
Le
régime adéquat : un bon repas bien chargé en calories. Pas de crainte pour les Miss, les
kilos sont très vite perdus : à la sorti du bus, on est rincé, complètement vidé.
Quant
aux gbakas* et wôrôs wôrôs*, ces moyens de transports sont devenus du luxe.
Patience et patience sous le soleil pour venir à bout des longues files
d’attente avant d’avoir accès à ces véhicules à chaque tronçon.
Tu
grossis alors les rangs des « gratteurs de trottoirs ». Ceux qui
marchent et marchent seulement.
Mais
où vont-ils ces gens ?
Ils
vont faire leurs courses de fin d’année. Les cadeaux, le repas de Noël…
Pourtant
les commerçants se plaignent. Ils disent « y a pas clients ! »,
« cette année là, ça ne marche pas ! » « A cause de la
crise là, vraimeeennt... on gagne pas !». Où vont-ils donc tous ces
gens ?
C’est
un comportement de crise. On fait comme les autres. On essaie de faire le
maximum pour fêter un minimum.
En
Côte d’Ivoire les fêtes de fin d’année, c’est sacré, même si le cœur y est de
moins en moins.
gbakas: mini-car de transport en commun de 18 places, circulant à Abidjan.
wôrôs wôrôs: taxis collectifs intercommunaux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire