"Oui c'est vrai les tôles ondulées, mais les vaches aussi", m'a dit un ami qui voulait faire de l'humour, ce matin.
Je suis restée là, à demi perturbée devant lui. Mes neurones cherchaient des liens, des connexions qui mèneraient sur le chemin de la compréhension. Tandis qu'une partie de mon cerveau actionnait avec peine la pédale "rire hilare". J'ai fini par comprendre le jeu de mots, mais ce n'était plus le moment de rire.
Cette situation est à l'image de ce qu'on vit à Abidjan en ce moment. C'est comme ça maintenant. On ne sait plus si on doit rire ou pleurer ou s'offusquer ou chercher l'erreur. Il y a toujours un moment où on se demande "il se fout de moi ou....?". Le petit moment de doute un peu bizarre.
La programmation du cortex a changé, mais le disque dur n'arrive pas à reconnaître le logiciel qu'on essaie d'intégrer.
Mais quelque part, il a raison mon pote, mieux vaut prendre les choses au dixième degrés aujourd'hui et vivre en mode décalé, sinon on ne s'en sort pas.
Comme l'a dit un célèbre humoriste pour ses sketchs anticonformistes, "quand t'es en Afrique, faut le sens de l'humour ou faut partir à la nage". Après ce qu'on a vécu ces derniers mois... c'est le cas de l'dire!
Pour tout parent désireux d'envoyer son ado au service militaire (avant d'aller à l'université), pendant quelques jours pour apprendre la vie, autant qu'il l'envoie en Côte d'Ivoire en séjour commando. Le jeune pousse sera mieux armé pour affronter les affres de la vie. Au final, il ne s'étonnera plus de rien! Ça forge, ça c'est sûr!
En ce moment, de nombreuses blagues circulent sur les F.R.C.I (Forces Républicaines de Côte d'Ivoire), qu'on appelle affectueusement, "les Frères Cissé", notre nouvelle armée.
Faisons-nous plaisir, je vous en raconte une:
"Une dame se fait arrêter par un F.R.C.I qui lui demande, non sans agressivité, ses papiers. Dans la panique, elle lui tend une ordonnance au lieu de lui remettre sa pièce d'identité. Le militaire s'empare de la feuille, l'ausculte avec sérieux, lui rend le document avant d'ajouter : "Bon, prochainement, faut mettre ta photo déssus".
Bon! Pour ceux qui connaissent la situation, la première manifestation morphologique qui s'empare de nous est la contraction hésitante des zygomatiques qui finissent par distordre le visage et l'éclairer d'un fou rire, tellement la scène nous dépasse. Après ce rire nerveux, place à l'analyse simple qu'un cerveau normalement constitué se doit de faire et tombe alors le constat sans appel: certains éléments de notre armée sont analphabètes. S'installe ensuite la consternation, un soupçon de honte et pour finir un fort sentiment de découragement... (la liste est non exhaustive).
Mais ce qui est extraordinaire, c'est qu'on flirte avec des sensations et des sentiments aussi divers et contradictoires dans le même instant.
Rien à dire, c'est une école!
Dessin de Polman - http://carnetsdepolman.ivoire-blog.com/ |
Autre anecdote pour la route:
"Un F.R.C.I fait la circulation. Au bout de 10 mn, il fini par créer un embouteillage monstrueux avec ses gestes approximatifs et ne sait plus comment se sortir de cet embarras. Sous le chaud soleil, face à l'irritation des klaxons qui se font entendre de plus en plus bruyamment, notre apprenti policier perd les pédales, se laisse aller à la panique et prend alors une décision style cowboy-du-Far-West: il dégaine sa kalach et foudroie le ciel d'une décharge métallique."
Débandade généralisée au carrefour. Les voitures se retrouvent en quinconce cherchant à s'échapper de la file, certains automobilistes plus lucides s'échappent en grandes enjambées, d'autres, abasourdis, restent complètement paralysés. Et au F.R.C.I de s'écrier "Non, faut pas vous avoir peur, nous sont là pour vous sécoure!!"
Je vous laisse quelques minutes...
Vous vous sentez comment?
Si vous avez d'autres anecdotes... ou si vous souhaitez compléter la liste non exhaustive des impressions, merci de partager.
P.S: Faut pas fâcher hein, nous s'amuser!
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