Une go "choco" à Abidjan!

dimanche 15 mai 2011

#3 Bilan de 2 mois de chômage technique - Nouveau mode de vie (ou plutôt de survie)

En cette période de carême chrétien, on a vu des vertes et des pas mûres! Dans cette troisième partie, j'évoque le corollaire impitoyable qu'une situation de guerre entraîne dans son sillage.

BILAN 3/ JUSTE UNE QUESTION DE SURVIE

Plus d'électricité! 
Courant est coupé! Comme on dit chez nous. Et là tu flippes! Surtout la nuit, les sens se décuplent. Les yeux perçaient le noir avec une aisance insoupçonnée après des jours - que dis-je - des nuits d'entrainement intensif forcé. Tandis que l’ouïe était en alerte au cas ou des pas s'aventuraient autour de la maison.
Plus de climatiseur ni de ventilateur, on a dégainé le fifala* pour se rafraîchir et musclé les biceps par la même occasion. La chaleur attaquait le système nerveux et ramollissait le ciboulot. 
Les téléphones portables n'ayant plus de jus, on était momentanément "portés disparus" ou "perdus de vue", façon "Lost". Aucune news ne rentre, aucune news ne sort. On ne savait plus ce qu'il se passait. Livrez à nous-même.
Notre super réfrigérateur-congélo, notre ami fidèle durant cette épreuve, a lutté jusqu'au dernier souffle pour conserver nos vivres au frais. En vrai guerrier, il a résisté à la torture jusqu'au dernier bout de glaçon accroché à ses parois. Nos vies en dépendaient. Nous lui rendons hommages.

Plus de nourriture!
Jeûne forcé. En mode purification d'estomac et des cellules. A chaque accalmie, on tirait au sort celui qui allait se risquer à traverser les tranchées sous les balles des kalaches, pour nous trouver de quoi nous sustenter. Jeu cruel! Le prix des denrées alimentaires avaient doublé, triplé, centuplé même parfois. Bientôt, nous ne trouverions plus grand chose sur les surfaces de supermarchés, qui avaient essuyé entre-temps des pillages.

Plus d'eau! 
Par dessus le marché, les bombardements ont endommagé les canalisations d'eau. La ville se retrouve sans une goutte du précieux breuvage pendant des jours. En pleine saison sèche et en plein cagnard! C'était le bagne! On économisait sa salive. On se déplacait le moins possible pour transpirer le moins possible. On usait et abusait du déodorant sans résultat probant. On cherchait des bouteilles d'eau désespérément.

En somme, nous avons subi un entrainement intensif digne des tactiques militaires des Seal Six. Résistance à la soif, à la faim, au sommeil, aux hallucinations, aux nuisances sonores et psychologique. Seuls ceux qui avaient survécu à la démence et aux crises d'angoisse réussissaient le programme de préparation terrain.

Aujourd'hui, moi, Yoyo, je suis le Rambo des temps modernes! Heureusement que l'Onu nous avait prévenu qu'ils ne s'attaqueraient qu'aux dépôts d'armes lourdes et non aux civils. Ils ont oublié de mentionner, qu'accessoirement, ils nous lanceraient quelques grenades, bien chargées, à la figure pour pimenter un peu l'action. Bien sûr, ils répondront qu'on ne peut pas faire d'omelettes sans cassés des oeufs. Et puis, si ce n'était pas par bombes ou par balles perdues, on pouvait toujours mourir de faim, de soif, de peur ou faute de soins. On avait donc le choix dans la manière de sceller notre sort... Tout ceci fut fait au nom de Dame Démocratie, garante de notre bien-être! Nous, petit peuple, pas assez mature, qu'il faut aider à marcher droit vers sa propre souveraineté.
Que du bonheur! Que demander de plus? 
Vive la démocratie (tant rêvée)!




* un fifala: un éventail



Episode #1 et #2.

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