Le chômage technique qui m’a frappé il y a maintenant deux mois prend fin dans quelques jours. Je pense qu’il est temps de faire le bilan.
BILAN 1/ INVOLUTION PHYSIQUE DE MA PERSONNE DE FAÇON MOMENTANÉE
En l’espace d’un mois, un changement biologique sans précédent me frappa. Ce phénomène a remis en cause la théorie de l’évolution de l’homme de Darwin – vous comprendrez pourquoi dans la suite. En effet, l’être humain que je suis a vu son corps irrésistiblement attiré vers le sol.
Un beau matin, mes gambettes ont buggué. Elles ont décidé qu’elles ne se tiendraient plus debout, et elles ont commencé à flirter avec le gerflex (certes neuf, mais tout de même !).
Mes mains se sont retrouvées très habiles au déplacement sur sol à plat ventre (??). Etrange mais faut l’faire quand même, vous en conviendrez. (D’ailleurs, cette discipline devrait s’inscrire aux jeux olympiques, si vous voulez mon avis). La loi de la gravité pesait de tout son poids sur chaque cellule de mon corps. Difficile à le croire, mais je me suis transformée en une sorte de serpent-furet-margouillat ! Une nouvelle espèce quoi ! Oui, oui, je rampais comme un serpent ou m’immobilisais, à l’affût, les oreilles dressées, comme un furet, tapis au sol tel un margouillat. Mon aire de jeu: l'espace compris entre les quatre murs de mon appart, que je n'ai pas quitté depuis le début des bombardements.
C’est à ce moment là que j’ai compris que l’évolution des espèces dépendait, en priorité, des objectifs que chacune s’était fixée. Si, si. Cet objectif découle de toute façon d’un instinct de survie. Moi, je voulais éviter les balles perdues. C’était mon objectif. Donc automatiquement, la nature a trifouillé dans sa machine à sélection naturelle et m'a donné un nouveau look.
C’est sans compter le changement d’apparence. Cro-magnonnification instantanée. Pattes velues faute de crème dépilatoire. Et langage réduit à quelques mots d’utilité publique, tels que « J’ai faim ! J’ai soif ! P’tain, qu’est-ce que je pue, j’ai franchement besoin de m’laver ! ». Ben oui, quant t’es en période de guerre, que ça siffle dans tous les sens, que ça joue au lancé d’obus, que t’as plus d’eau ni d’électricité, que t’as plus de quoi bouffer… J’pe t’dire que… t’a la dalle (forcément) et qu’t’en a marre !! Le minimum vital devient plus que vital !
Je suis devenue un nouveau spécimen pour les scientifiques ! Heureusement, qu’ils avaient mieux à faire que de venir jusqu’en Côte d’Ivoire, en plein chaos politique et militaire, ausculter une jeune femme au bord du précipice en matière de make-up, complètement déprimée côté look et dans un coma existentielo-intellectuelo-humanitaire !
Grâce au ciel, la guerre s’est arrêtée. On essaie de reprendre goût à la vie. Mais j’peux vous dire qu’on n’a pas cherché des œufs à Pâques mais plutôt des douilles et des bombes à désamorcer. J’ai fait un comeback dans le processus d’hominisation. Je suis redevenue moi-même.
Avantage de la situation (car il faut toujours trouver en chaque difficulté une opportunité) : un retour aux valeurs primaires (car il en faut), une taille slim à toute épreuve (formidable mais momentané) et un besoin de manger de l’alloco à chaque repas (c'est important).
Moralité : en période de crise, vaut mieux être fourmi que cigale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire